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Le Mandarin

Le Mandarin Je vais vous raconter rapidement une petite histoire, qui devrait faire écho à de nombreux étudiants en médecine, ou même patients. Je pense qu'on est nombreux à avoir connu ce genre de visite dans un grand hôpital. En 2eme et 3eme année des études médicales, on fait des petits passages de quelques jours dans les services hospitaliers en tant que stagiaire (c’est à dire aussi utile qu’un stagiaire de 3eme dans une centrale nucléaire). Mais c’est en 4ème année qu’on y devient un acteur indispensable des rouages des hôpitaux : on devient externe. Un externe c’est l’étudiant qui suit l’interne comme son ombre, parfois même jusqu’aux toilettes. C’est aussi lui qui trie le courrier, fait les ECG, fait le brancardier, appelle le médecin traitant pour récupérer le traitement, récupère la carte vitale oubliée aux urgences, etc. Le petit personnel, donc. Au passage, payé moins qu’un parcmètre à l’heure, mais ce n’est pas le sujet. Donc l’externe colle aux basques de son interne.

Anne-Marie

  Anne-Marie Cette période de canicule me donne envie de vous raconter l'histoire d'Anne-Marie.  C'était un dimanche d'été, sous la canicule. Déjà. On est pas accommodé, nous, les bretons, à ces vagues de chaleur en juillet ou août. Il va bien falloir s'y habituer pourtant.  Médecin de garde, je faisais la tournée des EHPAD pour signer les certificats de décès et celle des campings proches pour soigner les agressions solaires ou autres coups de bambou. Quelques lucites parfois aussi. Pour soulager les maisons médicales de garde qui débordaient. Et oui, l'été en Bretagne, il y a plus de monde et moins de médecins. C'est parfois tendu et compliqué de voir un médecin. Et quand on est étudiant, ça fait gagner des sous le WE.   Et là on me demande d'aller voir Anne-Marie, 86 ans, à la ferme. Anne-Marie est "fatiguée". En fait Anne-Marie a du mal à respirer surtout, mais pas au point d'envoyer une ambulance. "Tu peux aller voir Pepper ? En p

Najib

Najib Aujourd'hui j'aimerai vous parler de Najib.  Najib était un jeune adolescent que je croisais lors de certaines de mes nuits à SOS Médecins il y a quelques années. C'était lui qui appelait généralement. Pour son frère de 3 ou 4 ans. Ou pour sa sœur à peine plus jeune. Toujours le soir. Toujours pour des rhino-pharyngites.  Je me rappelle de cet immeuble dans un quartier HML très populaire. Le genre d'immeuble au hall squatté par des jeunes, casque bling bling sur les oreilles, enceinte bluetooth braillante. Au passage, jamais de la très bonne musique. Et ce 14ème étage. Le dernier. La vue devait y être superbe, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'y venir en journée. Il y a des foyers où je ne suis pas à l'aise. Probablement à cause d'une très grande différence culturelle, même si j'ai appris à m'attendre à tout. Et cette famille en faisait partie : une mère qui ne disait jamais rien, ce jeune garçon encore imberbe qui semblait être le ch

Kevin

Kevin Vous ai-je déjà parlé de Kevin ? Je crois bien que non. Pourtant cela fait longtemps que je pensais vous raconter son histoire. Kevin est un patient que j'ai croisé en pédopsychiatrie il y a de nombreuses années. Et ce soir, c'est l'occasion de vous parler de lui. Peu de gens le savent, mais j'ai eu la chance - ou peut-être pas - de faire un stage d'internat en pédopsychiatrie, en service fermé au CHU. Un service terminus. C'est à dire un service qui récupère tous les enfants que les autres services du département ne peuvent pas gérer. Et fermé, cela veut dire fermé à clef. Pendant 6 mois j'ai donc été au contact d'enfants avec des parcours de vie terribles. Ce stage m'avait marqué. Je me rappelle que la chef de service nous avait demandé de ne pas garder pour nous ce qui nous était envoyé à la figure, dès le premier jour. Et elle avait raison. Pour bosser dans un tel service, il faut avoir le moral. Je tiens en estime mes confrères qui y arriv